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Rencontre avec le Dr Paveliu, chirurgien bariatrique

« Je suis venu cet été pour effectuer trois semaines de garde aux urgences de la Clinique, et voir comment la Clinique fonctionnait et ce que j’y ai vu m’a convaincu. »

Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis chirurgien bariatrique, autrement dit chirurgien de l’obésité. J’ai été formé à l’hôpital civil de Strasbourg en chirurgie digestive générale, puis j’ai été praticien hospitalier à l’hôpital de Saverne et depuis 2013 j’exerce au sein de la polyclinique Saint George à Nice et dans le centre I3PS : institut de prise en charge pluridisciplinaire des patients en surpoids.  

Qu’est-ce qui vous a poussé à venir à la Clinique de l’Ospedale ?

J’ai plusieurs collègues chirurgiens de la Clinique Saint George qui exercent déjà ici. J’ai été contacté par la Clinique de l’Ospedale dans le cadre de ce partenariat. Je suis venu cet été pour effectuer trois semaines de garde aux urgences de la Clinique, et voir comment la Clinique fonctionnait et ce que j’y ai vu m’a convaincu. 

Pouvez-vous nous parler de votre projet au sein de la Clinique de l’Ospedale ? 

L’idée est de développer une antenne de ce centre I3PS au sein de la Clinique. C’est à dire de mettre en place une prise en charge et un suivi par une équipe pluridisciplinaire (et déjà présente à la Clinique de l’Ospedale, diététicien, psychologue, endocrinologue, kinésithérapeute, et moi même) de patients atteints d’obésité. 

Pouvez-vous nous dire en quoi consiste cette prise en charge ? 

Le patient suit d’abord un parcours d’éducation thérapeutique avec cette équipe pluridisciplinaire, c’est un parcours obligatoire durant lequel il rencontre chacun des spécialistes de l’équipe. Il effectue également un bilan médical exhaustif (biologie, bilan pneumologique, cardiologique, endoscopique, imagerie, bilan dentaire et avis anesthésique) afin de s’assurer de l’absence de contre-indication thérapeutique. 

Nous effectuons ensuite une RCP, une réunion de concertation pluridisciplinaire qui réunit une dizaine de spécialistes (chirurgien, anesthésiste, gastro- entérologue, diététicienne, psychologue, cardiologue, pneumologue, radiologue, biologiste) pour discuter de chaque dossier complet et valider ou non l’intervention chirurgicale. 

Si l’intervention est retenue alors le chirurgien explique au patient la technique choisie en détail et les raisons de ce choix, il répond aux questions éventuelles du patient et fixe la date de l’opération. 

Et en ce qui concerne le suivi ?

Nous avons élaboré un programme précis de sorte que, la première année après l’opération, le patient puisse voir un spécialiste tous les trois mois. Les premiers jours qui suivent l’opération le patient va d’abord voir le diététicien (notament pour l’alimentation liquide des premiers jours), puis à 3 semaines il voit le chirurgien, à 3 mois le nutritionniste (avec prise de sang pour vérifier qu’il n’y ait pas de carence vitaminique) à 6 mois de nouveau le chirurgien, à 9 mois le nutritionniste… etc. 

Enfin à terme ce patient verra 3 spécialistes par an (chirurgien, nutritionniste et dieteticien) et ce tous les ans et à vie, c’est primordial pour une réussite à long terme. 

C’est donc cette équipe pluridisciplinaire qui assurera le suivi général du patient, comme c’est le cas dans tous les centres d’obésité. Pour le suivi chirurgical, il sera assuré par moi et par 4 collègues de la Clinique Saint George qui font déjà un roulement de gardes pour une permanence chirurgicale. Présents chacun une semaine par mois, ils assurent la continuité des soins. 

Pouvez-vous nous parler des interventions que vous pratiquez ? 

Il faut savoir que les interventions sont à 90 % en cœlioscopie, donc mini-invasives. Je pratique les deux techniques reconnues par l’ARS (agence régionale de santé) : la sleeve gastrectomie et by-pass gastrique.

La sleeve, bien que récente (20 ans), est devenue la première technique mondiale, y compris aux États-Unis. C’est une technique dite restrictive, c’est à dire que l’on garde un petit volume de l’estomac. Deux tiers de l’estomac sont enlevés, et avec eux disparaissent les hormones responsables de la faim (la ghréline). Lorsqu’on enlève cette partie de l’estomac, le taux de cette hormone dans le sang s’effondre et la plupart des patients n’ont plus faim. Et la sensation de satiété devient rapide. C’est une technique qui présente des résultats satisfaisants (une perte de 70% de l’excès de poids entre 6 mois et un an après l’opération) et dont les résultats se maintiennent sur le long terme (minimum 10 ans) chez 70% des patients. Comme toute intervention chirurgicale elle comporte des risques (hémorragie, désunion de la ligne d’agraphes, reflux gastriques) mais cela ne concerne que 1 à 2% des patients. Ne pas effectuer d’opération et rester dans une obésité sévère ou morbide représente des risques bien plus élevés pour les patients. 

Le by-pass gastrique est une technique plus ancienne qui repose sur un mécanisme d’action mixte, à la fois restrictive et malabsorptive. Il en résulte un petit estomac qui est relié directement à l’intestin. Les aliments passent de cette petite portion d’estomac à l’intestin, ils parcourent une distance d’environ un mètre, un mètre cinquante sans être absorbés puis ils rencontrent les liquides digestifs naturellement présents et là ils sont absorbés. Très efficace sur la perte de poids, voire un peu plus efficace que la Sleeve, cette technique présente cependant des effets secondaires plus fréquents (occlusions, carences vitaminiques, impossibilité de contrôle endoscopique sur le reste de l’estomac toujours présent dans le corps puisqu’on n’enlève rien) et si un By-pass échoue, aucune autre opération ne sera possible. 

Pour finir je tiens à préciser que le plus important ce n’est pas l’intervention en elle même, c’est cette prise en charge et ce suivi par une équipe pluridisciplinaire et sur le long terme qui fait le succès d’un tel programme.